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12 janvier 2014 7 12 /01 /janvier /2014 22:58

David Ben Gourion avait été surnommé en son temps : "le lion" (Arik). Un autre lion d'Israël vient de disparaître en ce mois de janvier 2014. Ariel "Arik" Sharon fut un "lion" tant sur les champs de bataille que dans l'arène politique israélienne. Il n'a pas remporté le combat de la maladie qui, depuis 8 ans, l'avait plongé dans le coma.

Ariel Sharon était un "sabra", né en 1928 à Kfar Malal. Il passa la première partie de sa vie sous l'uniforme. Durant la guerre d'indépendance, il combattit dans les rangs de la Hagana où il participa notamment à la bataille de Latroun. Il demeura dans les rangs de Tsahal avec le grade de commandant. Dans les années 50, il prit la tête la tête de l'Unité 101 qui constitue le premier élément des forces spéciales israéliennes. En 1956, il commanda la 202ème Brigade Parachutiste lors de la Guerre de Suez. En 1967, il participa à la Guerre des Six-Jours, dans le Sinaï. Ses capacités de stratège furent reconnues mais il lui fut aussi reproché son indiscipline qui le caractérisera tout au long de sa vie. Ayant à peine déposé son uniforme pour se lancer en politique, la Guerre du Kippour, en octobre 1973 le rappela pour la dernière fois à la vie militaire. A la tête d'une division blindée, il mena la contre-offensive dans le Sinaï. Après l'âpre bataille de "la Ferme Chinoise", il traversa le Canal de Suez et permit la victoire sur le front sud.

Rendu à la vie civile, Ariel Sharon se lança alors en politique avec la même force que sur les champs de bataille. Membre du Moledet, il participa à la fondation du parti Likoud. Il n'en participa pas moins aux derniers gouvernements travaillistes de la décennie, en raison du système de la proportionnelle intégrale imposant le jeu des alliances pour dégager une majorité au Parlement. Qualifié de "faucon", il soutint les implantations. Toutefois, sa formation militaire avait fait de lui un pragmatique ne perdant jamais de vue les réalités du terrain et les buts à atteindre. C'est pourquoi il envoya les troupes du Génie de Tsahal démanteler les implantations du Sinaï, en 1982, notamment le site emblématique de Yamit. Dans les années 90, durant le premier gouvernement Netanyahou, il proposa le retrait unilatéral d'Israël du Liban Sud. Le Premier Ministre d'alors fit part de son intention à son homologue libanais, Rafik Hariri, qui opposa son refus à cette initiative. L'idée fut reprise par Ehoud Barak à la fin du printemps 2000.

L'année 2000 marqua son retour sur le devant de la scène politique. Les médias le qualifièrent alors de "provocateur" quand il annonça sa visite sur l'esplanade du Mont Moriah de Jérusalem, capitale de l'Etat d'Israël depuis 1967. Seule une manifestation d'une dizaine de personnes menées par le parti arabe israélien, Balad, avec Azmi Bishara à sa tête, marqua par sa présence sa désapprobation. Les émeutes palestiniennes n'éclatèrent que plus tard. Depuis la conférence de Paris, entre Barak, Arafat, Albright et Chirac, la presse arabe appelait à une seconde intifada, l'ancien président français ayant soufflé à l'oreille de Yasser Arafat qu'il obtiendrait plus par la violence que par la négociation (propos rapporté par un parlementaire français). Huit jours avant la visite d'Ariel Sharon, Yasser Abed Rabbo déclarait au journal Le Monde que l'Autorité palestinienne ne signerait jamais aucun accord de paix avec Israël. La visite d'Ariel Sharon fut ainsi moins une "provocation" qu'un mobile pour justifier un embrasement longuement médité.

La seconde Intifada ajoutée à la crise gouvernementale ayant accompagnée sur toute sa durée le cabinet Barak, permirent l'accession au pouvoir d'Ariel Sharon. A la tête du parti de centre droit Kadimah, l'ancien officier de Tsahal arrivant au gouvernement en pleine Intifada retrouva ses réflexes de stratège. Il mit en œuvre la clôture de sécurité pour mettre un terme aux tirs par des snipers palestiniens contre les civils israéliens et pour empêcher l'incursion des hommes-bombes depuis la Judée-Samarie vers Israël. Le double langage de son adversaire de toujours, Yasser Arafat, l'amena à le mettre sur la touche pour toute négociation éventuelle dans l'attente du renouvellement politique de l'Autorité palestinienne. A l'été 2005, Ariel Sharon ordonna enfin l'évacuation des implantations israéliennes dans la Bande de Gaza et le retrait des troupes de Tsahal de ce territoire. Un accident vasculaire cérébral mit fin prématurément à son action en janvier 2006.

Ariel Sharon aura été un personnage atypique, connu pour ses déclarations parfois outrancières et reconnu pour son action pragmatique. Héros militaire et politique haï autant par la gauche israélienne que par les habitants des implantations, son parcours aura été celui d'un homme libre dont on oublie trop souvent l'estime réciproque qu'il partageait avec le père fondateur de l'Etat d'Israël, David Ben Gourion.

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