Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 19:57

Telle était la question posée par l'aumonerie des étudiants de Bourges dans le cadre de ses réunions : "Un regard chrétien sur des sujets de société", le mercredi 8 février 2012. L'association France-Israël du Cher était invitée pour exposer cette question "sensible" historiquement et culturellement, présentée par Georges Feldmann.

 

Associer l'argent et les religions peut sembler contradictoire. Pourtant le regard porté sur cette valeur servant de moyen d'échange a longtemps miné, en Europe, les rapports entre les communautés juives et chrétiennes. De manière caricaturale, les Juifs ont été associés à l'argent, alors que les chrétiens, en particulier catholiques, comme hostiles à cette valeur monétaire et matérielle. Cependant, au-delà des ghettos et des stéréotypes, quelle est la posture véritable de ces deux courants religieux à l'égard de l'argent ?

 

Contrairement à un préjugé "à la peau dure", le judaïsme ne prône pas le culte de l'argent. Pour la seule raison qu'il n'est qu'un Dieu, le Seigneur, et que la frénésie d'accumulation de biens et de richesses détourne l'homme de ses devoirs à l'égard de la divinité. En revanche, parmi les 613 commandements, il en est un qui invite à faire le bien et à se montrer charitable. Le mot hébreu "kesef"  (argent ou monnaie) donne également, par vocalisation, "kosef" qui désigne le don. Donner est un bienfait. L'acte de vente consiste ainsi à un double don, entre l'acheteur et le vendeur, l'un donne un bien et l'autre remet une valeur qui permet l'échange. Ainsi fonctionne, non le profit, mais la prospérité mutuelle. Ainsi, la monnaie contribuant à la prospérité est un bienfait dès lors qu'elle ne détourne pas l'homme des pensées et du service qu'il doit à son Dieu. Pour le servir, les hébreux de l'Antiquité versaient un impôt au Temple de Jérusalem pour qu'il soit procédé aux offices. Après l'an 70 de notre ère, dans les communautés de Diaspora existaient des offices de Tsedaka pour secourir les plus démunis, grâce aux dons des membres de la communauté. Cet office existe toujours.

 

Dans le christianisme, qui découle par héritage du judaïsme, la monnaie n'est pas considérée par les évangiles comme une valeur vile. C'est une interdiction proclamée au Moyen-âge par l'Eglise qui a interdit aux fidèles de pratiquer des activités de banque. Jésus n'a pas tourné le dos à l'idée de don qui est à l'oeuvre dans les échanges par l'usage de la monnaie. "Rendre à César, ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu", n'exprime pas le mépris mais pose la distinction entre le tribut romain et l'impôt dû au Temple, ainsi que l'obligation du croyant de ne pas détourner ses pensées de Dieu. Il ne détruit pas les Anciennes ou Premières Ecritures mais il vient pour les réaliser. Lettré, versé dans les écritures, contemporain du sage Hillel, Jésus révolutionne en affermissant la foi des Juifs et des hommes, non pas en les renversant.

 

Judaïsme et christianisme ont donc une vision commune de l'argent comme le révèlent les écritures. Ils partagent en outre un même dédain pour le profit qui ne vaut que pour lui-même jusqu'à faire de l'argent une valeur fétiche pour reprendre l'expression de Karl Marx. Une réflexion qui mérite toute sa place dans un monde économique en crise où l'intérêt se suffit à lui-même, perdant de vue sa raison d'être qui, par de-là son rôle de facilitateur d'échanges, fait de l'argent un moyen, et rien que cela, d'améliorer les conditions d'existence de l'homme.

 

Nos chaleureux remerciements aux organisateurs pour avoir permis d'exposer ce qui rapproche deux communautés si proches et éloignées.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de france-israel18.over-blog.org
  • : Blog de l'association France-Israël du Cher.
  • Contact

Recherche