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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 22:34

Le 9 novembre est la commémoration de la Nuit de Cristal. C'est aussi le jour de la Saint-Théodore, selon le calendrier chrétien. Deux faits sans liens qui emportent pourtant une résonnance particulière. Si le judaïsme ne pratique pas le culte des Saints, la sainteté n'étant accordée qu'à l'entité divine, il n'en demeure pas moins que ce prénom fut celui de Herzl qui affirma l'importance d'une solution nationale à la question juive et qui donna au sionisme les outils lui permettant d'accomplir son but : la création d'un foyer national juif. La Nuit de Cristal, avec les lois raciales de Nuremberg, fut l'antichambre de la Solution Finale. Elle marquait l'exacerbation du fait antisémite contre laquelle, moins d'un demi-siècle plus tôt, Theodor Herzl mettait en garde ses contemporains. L'Histoire, seule, a rendu son propos malheureusement prophétique. Au contraire de ce qu'affirma le Congrès du Bund de Kichinev, le sionisme ne fut pas l'expression d'une "peur petite bourgeoise".

 

"C'est en vain que partout nous sommes des patriotes, voire des patriotes exacerbés." notait Herzl dans L'Etat des Juifs. Il mettait ainsi en avant la disqualification de parcelles de communautés nationales en raison de leur religion et de leur naissance, induite par l'antisémitisme. C'était aussi mettre en avant le caractère particulier de ce racisme tourné contre les Juifs. La xénophobie est la peur, voire l'aversion, de l'étranger. Le racisme est l'affirmation de l'existence de groupes humains distincts par l'hérédité ou la génétique et d'une hiérarchie entre eux. L'antisémitisme est la peur tournée en haine de son concitoyen. Peu importe qu'il fasse la preuve de son appartenance à la nation. Peu importe qu'il démontre, comme le fit le Shylock de Shakespeare, qu'il est de la même chair et du même sang que ses frères humains. Il est l'ennemi intérieur par essence. Et parce qu'il est l'ennemi essentiel, il se voit privé de son droit de Cité.

 

Les lois raciales de Nuremberg, promulguées par le Ministre du Reich, Goering, inscrirent dans le marbre cette haine qui, 5 ans plus tard, allait joncher les rues allemandes du bris des vitres des maisons, des boutiques et des synagogues. L'historien les justifie par la crise économique, l'effet du Traité de Versailles, parlant des "peurs" et des "frustrations" du peuple allemand. 6 millions de morts réduits à un épiphénomène, donc, une conjoncture malheureuse pour tout dire. Pourtant l'antisémitisme du National-Socialisme ne peut se réduire à un accident de l'Histoire. Les lois raciales reprenaient in extenso les sentences anti-juives du droit canon chrétien. Elles étaient déjà intégrées culturellement par 19 siècles de médisances et d'accusations irrationnelles. Une culture en partage de l'Occident chrétien. L'expression "manger en juif" a un goût de cendres. Elle provient d'un capitulaire de notre "bon" roi Saint-Louis interdisant aux juifs de prendre leur repas à la même table qu'un chrétien. Ce dernier en fit une médisance sur le thème de la cupidité qui posait, déjà, les rails menant à la chambre à gaz.

 

S'il est un devoir de mémoire, il doit éclairer le monde contemporain. Et le regard porté sur lui est amer. Toulouse en a porté, cette année, les stigmates. L'Histoire avance et le monde piétine. Le meurtre qui a été perpétré contre des enfants juifs et un enseignant se réduit, là encore, à un épiphénomène fruit des "peurs" et des "frustrations" d'un homme isolé. Quelle histoire, quelle culture, quelles médisances et quelles accusations irrationnelles ont armé son bras, comme elles en arment d'autres sur d'autres continents ? Les cérémonies et les discours, nécessaires, auxquels ce crime a donné lieu n'ont pas répondu à ces questions. La compassion ne suffit pas. D'autant moins qu'elle accentue un comportement paternaliste à l'égard de la communauté juive de France qui induit l'idée d'une minorité étrangère, bien que française. "C'est en vain que partout nous sommes des patriotes..."

 

Il faut plus qu'invoquer les mânes d'un Age d'Or pour exorciser un cycle infernal. Herzl notait, au XIXème siècle, que la révolution des techniques destinées à libérer les hommes n'avait pas permis aux Juifs d'accéder à l'égalité. La révolution des techniques du IIIème Millénaire échouera-t-elle à nouveau ? Conjurer le sort revient à se servir des techniques pour éduquer les hommes d'aujourd'hui quand les obscurantistes d'hier en usent pour assujétir les citoyens de demain. Nous n'avons plus l'excuse de l'ignorance. Parce que nous avons une mémoire, nous avons un avenir.

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