Le 8 mai commémore la capitulation de l'Allemagne nazie. Cette date marque aussi la fin de la Seconde Guerre Mondiale au Proche-Orient. Contrairement à certaines idées préconçues, le Proche-Orient ne fut pas épargné par cette guerre qui toucha les cinq continents. Loin d'avoir été une parenthèse enchantée, le conflit impacta les juifs du Yishouv (communauté juive de Palestine) comme les peuples arabes.

Durant les années trente, le régime nazi rechercha des alliés en prévision de la guerre à venir. Il chercha ainsi à circonvenir, notamment, les populations arabes du nord de l'Afrique et du Proche-Orient sous domination britannique et française. C'est ainsi que les Protocoles des Sages de Sion commencèrent leur diffusion en langue arabe, ainsi qu'un flot de propagande issu de l'antisémitisme européen.

Les luttes entre les groupes juifs et arabes de Palestine, motivées par la publication du Livre Blanc sur la Palestine de 1937, s'estompèrent au moment de la déclaration de guerre.

L'organisation sioniste, face aux périls visant les démocraties et les populations juives, suspendit ses actions contre l'occupant britannique pour une alliance de circonstance contre l'ennemi commun nazi. En effet, au nord, la Palestine est notamment menacée par les troupes de Vichy au Liban et en Syrie. Au Sud, l’Égypte est directement menacée par l'Afrika Korps de Rommel.

En mars 1941, les juifs de Palestine créent les Plougot Machats, plus connues sous l’abréviation Palmah, signifiant "compagnies de choc", placées sous le commandement d'Ytzhak Sadeh. Le Palmah est créé comme une défense judéo-britannique contre les troupes de Rommel. Des volontaires sont également engagés au sein du 51 Middle East Commando et de la Royal Air Force.

En juin, les Britanniques se lancent dans la conquête du Levant français (Liban-Syrie) contrôlé par Vichy. Ils sont appuyés par des éléments juifs. Moshe Dayan est l'un d'eux. C'est au cours de cette offensive qu'il est grièvement blessé à l’œil par un tir français.

En mai 1944, une Brigade Juive sera créée au sein de la VIIIème armée britannique. Le général français Koenig reconnaissant leur valeur au combat sera le président de l'Alliance France-Israël en 1948.

Côté arabe, la lutte contre l'occupant britannique en Egypte et l'indépendance juive en Palestine motivera un choix inverse. En Egypte, Nasser et Sadate, alors proches du mouvement des Frères Musulmans, se compromettent avec le renseignement militaire de l'Afrika Korps.

Amin El-Husseini, le Grand Mufti de Jérusalem se trouve à Berlin au moment de la déclaration de Guerre. Il y demeurera jusqu'à l'effondrement du nazisme. Sa présence au sein de l'appareil d'Etat inspire à Himmler l'idée d'une convergence de vue entre l'Islam le nazisme. Les services de propagande allemande diffusent des programmes en langues arabes à destination des pays musulmans. Amin El-Husseini en est l'un des commentateurs réguliers. Il sera aussi présent pour bénir les hommes de la Division musulmane SS de la Handshar composée de volontaires bosniaques.

Le Grand Mufti, à la fin du conflit, sera poursuivi pour sa collusion avec le nazisme et sa participation à la Shoah. Protégé par la République Française, qui obtient qu'il soit assigné à résidence, malgré les plaintes déposées par le Royaume-Uni et la République de Yougoslavie, il meurt à Beyrouth en 1974. Il aura diffusé sa vision du conflit arabo-israélien inspirée de ses années en Allemagne.

Ce 8 mai est l'occasion d'honorer les combattants de la liberté, de se souvenir des victimes du nazisme et de développer le devoir de mémoire. Car les hommes d'hier parlent à ceux d'aujourd'hui pour leur permettre de construire l'avenir.