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30 juin 2011 4 30 /06 /juin /2011 20:40

Il y 67 ans, à l'ombre du débarquement allié en Normandie, se jouait en Berry un enchainement d'évènements qui allait déboucher sur un épisode de "Shoah sauvage", faisant 36 victimes. Le 29 juin 2011, l'association France-Israël du Cher accueillait Jean-Claude Bonnin, Professeur d'histoire, membres de l'association des Amis du Musée de la Résistance et de la Déportation du Cher, pour ouvrir le dossier de Guerry.

 

En propos liminaire, J-C Bonnin pose la distinction existant entre "répression" et "persécution". Alors que la répression vise à éteindre les faits de résistance, la persécution tend à porter atteinte à un groupe d'individus en raison de sa naissance, de sa religion, de son existence même. La tragédie de Guerry est un épisode de la persécution antisémite de Vichy et du IIIème Reich qui se cache derrière un premier épisode de répression.

 

Le 6 juin 1944, alors que les troupes alliées débarquent en Normandie, deux groupes de résistance s'emparent de Saint-Amand-Montrond. Ils font prisonniers les miliciens qui s'y trouvent. Parmi eux, la mère et la femme du bras droit de Darnan. Le 7 juin un avion survole la ville, annonçant l'arrivée prochaine des Allemands. La Résistance se replie, emportant ses prisonniers. Ce fait est à l'origine de mesures de répression contre la population du saint-amnadois de la part des Allemands, aussi bien que de la Milice.

 

A la tête des Miliciens, Joseph Lecussan s'autoproclame sous-préfet de Saint-Amand et s'arroge les pleins pouvoirs. Il fait régner un climat de terreur dans la ville. A la fin du mois de juin, Philippe Henriot, chef du PPF (parti collaborationniste), est assassiné. Les Miliciens redoublent de hargne et se lancent dans la traque aux juifs.

 

Saint-Amand accueille de nombreux réfugiés alsaciens mais aussi des Juifs étrangers, ainsi que des Juifs ayant échappé à la rafle du Vel' d'Hiv. Le Cher est en effet coupé par la ligne de démarcation autour de laquelle se regroupent bons nombre de réfugiés. Au cours du mois de juillet, Lécussan décide de passer à l'action. Il sollicite le SD allemand à Bourges. Des Juifs sont raflés et enfermé au cinéma Rex de la ville. Lécussan les livre aux Allemands qui les incarcèrent, à Bourges, dans la prison du Bordiot.

 

Entre le 24 juillet et le 5 août 1944, trois convois emportent des prisonniers dans une ferme isolée, près de Bourges, à Guerry. Ce sont en tout 36 hommes et femmes, de 15 à 87 ans, qui sont jetés dans deux des puits de Guerry. Parmi les exécutants, on compte un gestapiste français, Paoli, originaire d'Aubigny sur Nère. Les autres prisonniers doivent leur salut à la déroute des troupes allemandes face à l'avancée des troupes alliées et au harcèlement de la Résistance. Fin octobre 1944, les corps des victimes sont exhumés, grâce au témoignage de l'unique survivant, Charles Krameisen qui parvint à s'échapper.

 

Le crime perpétré à Guerry rappelle l'action des einsatzgruppen sur le front de l'Est, à partir de 1941. Des exécutions par balles, dans des lieux isolés, ont eu lieu avant la mise en oeuvre des camps d'extermination et du gazage des populations juives. Les Allemands invoquant des difficultés pour organiser un train de déportation vers Drancy puis vers Auschwitz auraient décidé d'exécuter sur place leurs prisonniers. Ainsi la tragédie de Guerry s'inscrit dans le cadre de la Shoah par balles, mise en lumière par le Père Desbois.

 

 

 

 

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