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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 22:19

Ce dimanche 22 juillet 2012, la cérémonie d'hommage aux victimes des crimes racistes et antisémites de l'Etat français et d'hommage aux Justes de France prenait des accents particuliers.

 

Cette année marque le 70ème anniversaire de la rafle du Vél' d'Hiv'. Le 16 juillet 1942, suite aux accords conclus entre le SS Oberg et le français René Bousquet, la Préfecture de police de Paris déployait ses fonctionnaires pour procéder à l'arrestation des familles juives résidant à Paris. Une arrestation facilitée par les lois antisémites du Gouvernement français de Vichy ayant fait obligation aux Juifs de se faire recenser et d'acheter les coupons de tissus destinés à la confection des étoiles jaunes. Une obligation touchant la totalité des Juifs vivant en France, français ou étrangers. Contrairement aux allégations de Vichy (curieusement reprises, en cette année 2012, par les médias français), tentant ignominieusement d'alléger sa responsabilité et sa faute en 1945, ce sont les Juifs de France et les Juifs réfugiés qui étaient visés par cette rafle. Les lois raciales ayant également abrogé les naturalisations établies depuis 1926, des milliers de Français étaient devenus étrangers sur leur propre terre. Ce sont ces hommes, ces femmes et ces enfants qui furent arrêtés, à l'aube, à leur domicile, par la police française et parqués durant plusieurs jours au Vélodrome d'Hiver. Ils furent ensuite parqués à la Cité de la Muette à Drancy dans des conditons sanitaires atroces, sous surveillance des autorités françaises. Drancy devint pour eux l'antichambre des convois vers le camp d'extermination d'Auschwitz. Vichy se félicitait de cette action menée par des français, arguant, de façon abjecte, qu'elle témoignait du plein exercice de la souveraineté de son gouvernement sur son territoire.

 

A partir de cette date, les autorités pourchassèrent les Juifs sur l'ensemble du territoire avec un zèle peu commun avec ce qui se vit, à la même période, dans d'autres Etats occupés. Dans les derniers mois de l'occupation, les gestapistes français Lafont et Bonny (respectivement ex-proxénète et ex-inspecteur de police radié des cadres) enrôlèrent les travailleurs nord-africains de la région parisienne dans la "Légion nord-africaine" pour mener la  chasse aux maquisards et aux Juifs dans le Sud-Ouest de la France. La Milice de Darnand ne fut pas en reste. C'est elle, sous les ordres de Lécussan, qui procéda à l'arrestation des Juifs dans la région de Saint-Amand-Montrond, en juillet 1944. Ceux-ci furent livrés au Sicherheit Dienst de Bourges et incarcérés à la Maison d'Arrêt du Bordiot. C'est de là que le SS français Paoli fit partir trois convois de camions en direction de la Ferme de Guerry (commune de Savigny-en-Septaine) pour assassiner les prisonniers.

 

Dès lors il est possible de comprendre l'émotion qui a saisi la France, en cette année commérative 2012, lorsque Mohamed Merha a assassiné trois enfants et un père d'élève à l'Ecole Ozar Hatorah, à Toulouse. Rien ne distingue le nazisme et le fascisme français du djihadisme. Une même idéologie raciste, intolérante et meurtrière les animent. Se refuser à tirer le parallèle entre ces évènements que 70 ans séparent revient à condamner ce "devoir de mémoire" que nous récitons béatement chaque année à de pitoyables pantomimes. C'est priver les générations futures de tout avenir possible. La fraternité et la tolérance ne sont ni de simples mots ni des voeux pieux.

 

Pourtant des hommes et des femmes, par le passé, ont eu à coeur de faire vivre ces deux notions en tendant la main à ceux qui étaient traqués en raison, non pas de leur religion, mais de leur naissance et de leur existence même. Ce sont ces Justes français que cette journée met également à l'honneur. Le paradoxe de l'histoire veut que parmi eux se trouvait aussi des étrangers vivant en France durant ces heures sombres. Varyan Fry à Marseille, journaliste de citoyenneté américaine, ou Aristides de Sousa Mendes, consul du Portugal à Bordeaux. A ces Justes revient l'honneur d'avoir contribué à maintenir vivant l'idée même d'humanité quand tout invitait à l'effroyable bestialité et à réduire les rapports entre les hommes à une lutte des loups entre eux.

 

Après la lecture du message de Monsieur le Secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants par M. le Secrétaire Général de la Préfecture du Cher, M. Zeller, il a été procédé aux dépôts de gerbes par les associations et les institutions : l'association du souvenir des familles des victimes des Puits de Guerry, l'association France-Israël du Cher, l'Office National des Anciens Combattants, le conseil régional du Centre, la Municipalité de Bourges et la République française représentée par M. le Sous-Préfet.

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